Comment verdir les chantiers de construction ?

Comment verdir les chantiers de construction ?

Après les transports, la construction est le 2e secteur plus gros émetteur de gaz à effet de serre – essentiellement à cause de son matériau de base, le ciment. Avec l’application de la norme RE2020, le poids carbone va être plus détaillé, obligeant le secteur du BTP à trouver des solutions alternatives, à l’image des « chantiers zéro carbone », encore trop anecdotiques.

Le ciment, au cœur de toutes les actions

Saviez-vous que le béton traditionnel serait responsable de 7 % des émissions mondiales ? Avec 50 millions de mètres cubes coulés chaque année en France, c’est un matériau le plus consommé par l’homme après l’eau[1]. Sa fabrication implique une cuisson d’un mélange de calcaire et d’argile (clinker) à 1450 degrés. Au total, une tonne de ciment produit 624 kg de CO2[2].

Comme le secteur s’est engagé à réduire ses émissions de 24 % d’ici 2030 et de 80 % d’ici 2050, il cherche activement des solutions sur les 3 axes d’influence :

  • Un ciment « ternaire » avec une cuisson moins longue et moins forte devrait arriver cette année (mais suppose une adaptation des cimenteries pour une montée en puissance de sa production) ;  
  • La phase de brûlage privilégie désormais des déchets aux énergies fossiles (sans toutefois résoudre le problème des fumées) ;
  • La captation des émissions à la cheminée (qui réclame un processus aussi complexe que coûteux, sans savoir que faire du CO2 collecté).

Attention aux abus de langage sur le béton « bas carbone » : il s’agit davantage de béton « moins carboné », mais surtout cela ne se fait que se concentrer sur l’indicateur des émissions de CO2, alors que le ciment est également à l’origine de l’épuisement de la ressource sable et d’impacts sur la biodiversité. De toute façon, le calcul de l’empreinte carbone, imposé par la RE 2020 sur toute la durée de vie du bâtiment, va profondément modifier les usages du secteur en privilégiant notamment le bois dans la construction.

Moins de 5 à 10 % de « chantiers zéro carbone »

Au-delà des matériaux à verdir, les entreprises du BTP peuvent agir à leur niveau en appliquant les préceptes du label « Chantier zéro carbone », créé en septembre 2015 et apparaissant comme l’une des solutions évoquées dans la COP21.

Avec lui, de nombreuses (mauvaises) habitudes peuvent être corrigées. À l’image des peintres en bâtiment qui utilisaient 15 litres d’eau par nettoyage de pinceaux, alors que ce volume couvre désormais tout le chantier. Jusqu’ici jetées, les chutes d’isolants sont stockées et réutilisées. Concentrant 60 % du bilan carbone, la chaîne d’approvisionnement est optimisée pour limiter son impact. Par exemple, le recours au transport doux (le train ou l’eau), la préparation d’éléments en atelier ou encore le remplissage optimal des poids lourds.

Aujourd’hui, cette réflexion visant à réduire l’empreinte logistique d’un chantier ne concerne que 5 à 10 % d’entre eux en France. « Ils vont souvent au plus facile, en ayant par exemple, des camions disponibles en continu » souligne, Alexandre Joly, responsable du pôle énergie du cabinet Carbone 4.[3]

La volonté de réduire son impact suppose une réflexion en amont comme en aval du chantier. Or, ces actions dépendent directement de la disponibilité des fournisseurs et du bon vouloir du maître d’ouvrage. C’est pourquoi, lorsque ce dernier est public, généralement en charge d’un important projet, il doit être soutenu par sa municipalité


[1] Chiffres : https://www.ouest-france.fr/environnement/climat/le-beton-bas-carbone-est-il-vraiment-ecologique-ecebaf86-b729-11eb-b73a-358c628dc742

[2] Chiffres : https://www.lesechos.fr/industrie-services/immobilier-btp/cop26-comment-verdir-lindustrie-du-batiment-1360394

[3] Citation : https://www.lesechos.fr/pme-regions/ile-de-france/btp-les-solutions-pour-verdir-les-chantiers-se-multiplient-1344373